Quatrième débat pour l’équipe de citoyens du conseil de circonscription (CDC). Direction Saint-Symphorien-sur-Coise ce jeudi 14 février où pas moins de 120 citoyens se sont réunis dans le cadre du Grand Débat national. Jérôme Banino, le Maire indique “C’est l’occasion de mieux comprendre notre pays”, en guise d’introduction. Plutôt réticent à l’idée d’organiser une telle réunion dans sa commune il y a encore quelques semaines, l’élu le reconnaît : “J’en suis revenu”, estimant aujourd’hui que “ce débat va nous permettre de mieux connaître le travail parlementaire et surtout, de mieux échanger entre nous”. Tout en donnant “plus de souffle à la démocratie participative”, résume le député.
Dans la salle, pourtant, nombre de participants, s’interrogent. A quoi va véritablement servir ce Grand Débat initié par le Président de la République ? “Tous les sujets sont abordés”, rassure le “Maître Loyal” de la soirée, Paul Vivarès, collaborateur parlementaire de Thomas Gassilloud, assurant l’animation de la réunion, aux côtés d’Annie et de Christian, membres actifs du CDC. Sur la forme, force est de constater que des participants doutent de l’efficacité du dispositif. “Faire de la politique, ce n’est pas ajouter une somme de bonnes idées ensemble !”, estime l’un d’eux alors que les contributions des uns et des autres sont retranscrites en direct, sur un grand écran… “Faites court et concis”, préconise l’animateur, dans le souci “de permettre à chacun de s’exprimer”. “Les jeunes ne participent pas à ces débats, ils disent que ça ne sert à rien” souffle cette dame. Je comprends la nécessité de synthétiser, mais on a une langue riche et je trouve malheureusement que ce mode de fonctionnement réduit l’idée et on perd beaucoup…”. “Parler de sujets importants ne se traite pas de manière synthétique mais sur le long terme”, renchérit un autre. Des post-it de couleurs, une par thématique, complètent le dispositif proposé par les citoyens du CDC, pour permettre à chaque intervenant de noter ses propositions par écrit. Ainsi qu’une boîte à idées pour ceux qui souhaitent s’épancher davantage.
“Ne préjugeons pas que ce Grand Débat ne sert à rien”, indique Paul Vivarès. “On collecte les propositions et toutes les données seront analysées, prises en compte et mises à disposition de ceux qui le souhaitent : chercheurs, sociologues, formations politiques…”, explique Thomas Gassilloud. Un des participants salue une telle initiative, en remerciant les gilets jaunes qui, “par leur mouvement depuis treize semaines, ont fait remonter à la surface des tensions extrêmes qui existent dans notre pays”.
Et puis, ce Grand Débat est l’occasion aussi de… rêver d’un monde meilleur, à tous les niveaux. A l’image de cette ancienne enseignante qui remet en question notre système éducatif qui, selon elle, vire aujourd’hui à la professionnalisation. Ou cet homme pour qui “le progrès n’est pas d’avoir du pouvoir d’achat pour consommer toujours plus, mais d’avoir du pouvoir d’agir dans le domaine de la citoyenneté par exemple, en s’investissant auprès de ses enfants, des jeunes ou des personnes âgées pour le vivre-ensemble”. Un monde meilleur, aussi, dans le domaine de l’environnement. “L’écologie, la préservation de notre planète doit devenir une priorité absolue”, insiste ce jeune homme qui met en parallèle les Droits de l’Homme et les Droits de la Nature.
“Pourquoi tout est basé dans notre société, sur l’économie, questionne-t-il. Si demain, nous n’avons plus de Terre, l’argent, que l’on soit riche ou pauvre, ne servira à plus rien !”, lance-t-il, approuvé par des applaudissements nourris. Un autre reprend, lui, les conclusions de Yann Arthus-Bertrand : “Bienveillance, charité, générosité, partage, respect… seules ces valeurs seront capables de changer le monde”.
Les interventions applaudies
Sur le fond, les langues se délient. Et souvent avec passion. Un participant revient sur les 35 heures, “la cause de la situation actuelle, car les patrons y ont gagné et les ouvriers y ont perdu”, résume-t-il. Ou encore, pêle-mêle, la nécessité de recréer des emplois de proximité et d’aider les petites entreprises à embaucher ; l’interdiction des pesticides “qui nous empoisonnent”, dont le glyphosate ; des transports en commun plus performants “y compris sur les lignes déficitaires” ; “un toit pour tous” avec “une vraie politique du logement qui encadre les loyers”… A l’ordre du jour, aussi, les inégalités de l’impôt sur le revenu avec “la baisse du taux marginal supérieur, la diminution du nombre de tranches, la flat-tax, la multiplication des niches fiscales”, énumère cet autre participant.
La suppression de l’ISF (impôt sur la fortune”) est elle aussi, à plusieurs reprises, pointée du doigt, “privant les recettes publiques de 3 ou 4 milliards d’euros”, relève cet intervenant, ancien professeur d’économie, pour qui “il faut augmenter les droits de succession, même si cet impôt est le plus détesté des Français. Mais c’est, à mes yeux, l’impôt le plus légitime car il frappe ceux qui n’ont fait aucun effort pour recevoir ce patrimoine”.
Les participants appellent aussi à plus d’égalité, à l’image de cet homme qui propose de “plafonner les hauts salaires et les hautes retraites, comme celle des anciens Présidents” ou cet autre qui insiste sur la nécessité de “reconstruire un pacte national de solidarité entre tous les citoyens”, pointant notamment les différences de revenus “scandaleuses”. “Nous raisonnons sans cesse en terme de libéralisme : il faut écouter d’autres économistes. On est capable de construire un monde solidaire”, lance-t-il haut et fort. Tout comme cet homme qui milite pour que les droits de l’Homme soient respectés, jugeant “inadmissible” la récente loi “anti-casseurs” ; ou cette dame qui revient, elle, sur la problématique de l’accueil des migrants : “Le mouvement des gilets jaunes a mis le doigt sur les inégalités sociales insupportables dans notre pays et la question des migrations est celle des inégalités sociales dans le monde”, commente-t-elle.
Côté organisation de l’Etat, quelqu’un estime qu’il faut supprimer le Sénat, “une chambre désuète”, et instaurer, à la place, “une chambre de citoyens de tous niveaux et tirés au sort pour un mandat de trois ans, pour discuter du choix des lois avec les politiques”. Quant au Président de la République, il devrait être élu “pour un seul mandat non renouvelable d’une durée de sept ans, pour qu’il soit beaucoup plus dans la construction du dialogue démocratique et non pas dans l’idée de se faire réélire, soutenu par une chambre qui approuve sans discuter ses propositions”. “A partir du moment où les députés votent en fonction des directives de leur parti politique, on n’a pas besoin d’en avoir autant, dix ou vingt suffiraient !”, propose une dame. Cet autre exige l’obligation d’un casier judiciaire vierge pour les élus. “Notre système démocratique est complètement vérolé car nos élus ne votent pas en fonction de notre avis”, ajoute un homme qui exige une réforme constitutionnelle “écrite par nous, citoyens, avec des mots et des solutions simples”, donnant la possibilité de révoquer un élu.
Après deux heures d’un débat très animé, les discussions se sont poursuivies dans la salle, en petit comité entre une dizaine de citoyens et le député. “Chacun a pu, ce soir, s’exprimer librement”, conclut Thomas Gassilloud qui tient à saluer la richesse des échanges. Avant de passer un dernier message : “Les élus sont dans une recherche de l’intérêt général et essaient de trouver des solutions qui conviennent au plus grand nombre, en trouvant des solutions équilibrées à des injonctions contradictoires de la société. J’invite ceux qui le souhaitent à continuer le débat pour qu’ensemble, nous parvenions à construire un monde meilleur”.
Pour le conseil de circonscription, le débat continuera effectivement dès le lendemain soir, à Montromant et nul doute que les échanges y seront à nouveau denses !
Le comité de rédaction du conseil de circonscription