Tous les six mois, les maires et présidents d’intercommunalités de la circonscription ont pris l’habitude de se retrouver, à l’invitation du député Thomas Gassilloud, dans une commune de la circonscription, le temps d’une soirée d’échanges, qui se termine autour d’un repas convivial. Ce 5e conseil des maires (CDM), vendredi à Charbonnières-les-Bains, n’a pas failli à la règle. A deux particularités près : si, pour le député, cette réunion-là marquait la mi-mandat, elle avait, pour les maires, une saveur différente des autres. Et pour cause : c’était, pour eux, la dernière du genre, avant les élections municipales de mars 2020. Voire carrément la dernière de leur carrière politique : parmi la trentaine d’élus présents, une poignée ayant déjà décidé de renoncer à briguer un nouveau mandat.
Après le traditionnel mot d’accueil du maire de la commune hôte, Thomas Gassilloud a présenté les grandes lignes de son actualité nationale. Il a également fait un retour des chantiers en cours en circonscription que ce soit auprès des collectivités territoriales, des entreprises ou directement des citoyens. A ce propos, une 25e séance publique de son conseil de circonscription (CDC) est prévue ce mardi 12 novembre à Sainte-Consorce. “L’engagement initial des citoyens ne se dément pas”, confirme-t-il. Avant d’annoncer l’organisation, avec le CDC, jeudi 28 novembre, à Chaponost, d’un grand débat public autour de la réforme des lois de bioéthique, en présence notamment du député Jean-Louis Touraine, rapporteur de la loi.

Pour lancer l’ordre du jour de ce 5e CDM, le projet de loi relatif à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique a été présenté. Tout juste adopté en première lecture par le Sénat, il va être désormais étudié par les députés à l’Assemblée nationale. Quelques chiffres pour commencer : la France compte quelque 500 000 élus locaux : un maire sur cinq est une femme et deux tiers des maires ont plus de 60 ans. “Avec ce projet de loi, le gouvernement a cherché à répondre à certaines attentes, exprimées lors du Grand Débat national de ce début d’année”, explique le député. Au fil des discussions, à bâtons rompus, les élus ont ainsi pu exprimer leur avis sur la loi dite “Maptam” votée il y a cinq ans, relative à la modernisation de l’action publique territoriale et à l’affirmation des métropoles, certains d’entre eux jugeant utile d’y apporter quelques “corrections” (sic) ou ajustements : “Certaines communes peuvent se sentir à l’abandon”, s’inquiète l’un d’eux. “En tout cas, sur mon territoire, ça m’a simplifié la vie, rétorque un autre, en termes d’urbanisme, de voirie…”
Les élus locaux évoquent aussi leur pouvoir de police, “difficilement applicable dans la pratique” : “Nous devrions pouvoir infliger plus facilement des travaux d’intérêt général”, estime l’un d’eux. “Le rappel à l’ordre, le rappel à la loi devrait être davantage institutionnalisé”, rajoute un autre. Dans la foulée, les élus s’interrogent sur les conseils locaux de développement : ces instances de démocratie participative, constituées de membres bénévoles issus de la société civile, sont consultées pour donner leur avis sur les orientations majeures des politiques publiques locales. “Faut-il les laisser obligatoires pour les collectivités ?”, demande le député. “Il en ressort des choses intéressantes”, juge un élu.

Thomas Gassilloud en profite pour dévoiler aux maires, les 10 idées de son conseil de circonscription, en matière de transition énergétique: “Le CDC m’a demandé de vous les soumettre” : ne plus utiliser de verres et bouteilles en plastique ; construire en respectant l’environnement ; installer des fontaines publiques ; lutter contre la pollution lumineuse ; aménager des jardins partagés ; inciter à utiliser des moyens de transport plus propres… “Les citoyens proposent aussi l’instauration, au sein des communes, d’une commission ou un conseil communal de l’écologie”. “Mais attention aux lobbies environnementalistes !”, prévient un maire. “Il y a besoin d’une mobilisation citoyenne dans ces domaines-là, estime un autre. “Les citoyens peuvent devenir des alliés sur ces questions”, poursuit un troisième.

Et voilà que “l’anneau des sciences” refait parler de lui : ce projet polémique prévoit le bouclage du périphérique lyonnais par l’ouest, et la transformation de l’autoroute A6/A7 en boulevard urbain. “Ce sujet mobilise nos administrés”, interpelle un élu. “Ce projet de 3,5 milliards d’euros, date d’il y a 10 ans et sera inauguré au mieux dans 15 ans, explique un participant. Il a besoin d’être réactualisé et clarifié”. “Il faut dépassionner ce débat et se projeter en 2035 : les moyens de transport auront évolué. Ne rien faire serait la pire erreur, on a besoin de désemboliser nos communes”, plaide l’un d’eux. “180 000 véhicules par jour empruntent le boulevard Laurent- Bonnevay… Et au vu des prévisions démographiques de la métropole, il faut s’attendre à 150 000 habitants de plus tous les 10 ans, alerte un autre. A l’orée des élections municipales et métropolitaines, nous avons une responsabilité pédagogique ! Aujourd’hui, force est de constater que notre métropole n’a pas les infrastructures dignes d’une grande agglomération… Il faut réorganiser tous les modes de transport, avec l’ensemble des communes. Regardez : la gare Gorge-de-Loup est saturée ! Le rôle des politiques est de prendre des décisions. Il faut trancher même si ça ne fait pas plaisir à tout le monde !” Le ton est donné. C’est tout l’intérêt des réunions du conseil des maires, une instance à huis clos, où les maires peuvent s’exprimer librement et partager leur expérience. La prochaine, ce sera dans six mois, au printemps 2020. Avec de nouveaux venus parmi les invités !
