La réunion n’a pas encore commencé. Déjà, des dizaines de post-it de couleurs fleurissent, comme autant de propositions, les cinq panneaux blancs scotchés à même le mur : les quatre premiers pour chacun des thèmes officiels (Démocratie et Citoyenneté ; Organisation de l’Etat et des services publics ; Fiscalité et Dépenses publiques ; Transition écologique), le dernier pour les autres sujets : il ne faut éluder aucune question avait confirmé Emmanuel Macron, en lançant, mi-janvier, cette consultation inédite en France.
Jeudi soir, à l’appel du conseil de circonscription (CDC) du député Thomas Gassilloud, pas moins de 70 citoyens ont investi la salle de la Maison pour tous de Marcy-l’Etoile, dans le cadre de ce Grand Débat national : la deuxième réunion du genre (après celle de Courzieu, la semaine dernière) pour les membres CDC, déjà bien rompus à l’exercice du débat public. En effet, depuis la création du CDC, il y a 18 mois à l’initiative de Thomas Gassilloud, ces citoyens de tous horizons se sont mobilisés autour de leur député pour dynamiser sa démarche de proximité. Ils ont ainsi déjà participé à l’organisation de cinq débats thématiques en 2018 à travers la circonscription, rappelle Patrick Chary, un membre actif du CDC, en guise d’introduction. “On est complètement apolitiques, précise-t-il. Et ce soir, on est là pour vous écouter.”

Comme à Courzieu, le CDC a souhaité jouer la carte de la transparence : tout au long du débat, les propositions — une bonne cinquantaine — ont été retranscrites en direct sur un écran. Dans la salle, le député, Thomas Gassilloud assistait à la séance, en tant que citoyen, tandis que le maire, Joël Piégay, se qualifiait, lui, de “simple facilitateur de ce débat”. A la demande des animateurs (Patrick et Nicole pour le CDC, Paul Vivarès pour l’équipe parlementaire) ou de l’assistance, le député s’est parfois livré à quelques explications de textes, dans un souci de pédagogie. “Avec ce débat, on participe à quelque chose d’unique dans les annales de la république, se félicite un participant. Avant, je n’avais jamais eu aucun contact avec mon député !”

Deux heures durant, les échanges ont filé bon train. De l’avis général, la transition écologique demande “une prise de conscience” de tous. “A Marcy, trop de gens vont au travail en voiture !”, pointe un habitant, malgré trois lignes de bus… saturées et un site marcyllois de covoiturage parmi les plus fréquentés de la métropole lyonnaise. “L’écologie ne doit pas être punitive, avertit une habitante. Elle passera mieux quand on éduquera nos enfants depuis la maternelle” “Il faut inciter les citoyens à faire des efforts, en mettant en place par exemple, une indemnité kilométrique vélo ou en rétablissant les aides à l’achat de vélos électriques”, propose quelqu’un.

Côté dépenses publiques, les intervenants exigent des économies à tous les niveaux, car la dette nationale n’a jamais été aussi élevée. Quelqu’un prône “la fin des avantages acquis lorsque les élus n’ont plus de fonction” : “J’ai appris que Mme Cresson avait encore un chauffeur !”. Un autre demande “plus de contrôles dans les différentes strates (communes, départements, régions) où l’on ne sait pas ce qui se passe” et concernant la réorganisation du service public, de l’ordre dans “le mille-feuilles administratif” avec “la suppression des départements”, estime l’un d’eux, sans autre forme de procès, voire “la fusion des petites communes”. Certains pointent du doigt “l’assistanat” et estiment que “tout le monde devrait payer un minimum d’impôt”. Et tandis que quelqu’un s’inquiète de “l’explosion des loyers” (“une catastrophe nationale pour les jeunes qui s’installent”), une dame se désole, elle, de la “misère humaine” et exige “un toit pour tous” : “Il est inadmissible que des gens dorment par terre !”, lance-t-elle.

“Il ne faut pas sous estimer le bénévolat”, clame quelqu’un qui estime que les chômeurs devraient participer à la vie civique en donnant de leur temps “au moins une journée par semaine”, pour une association, “ce qui leur permettrait ainsi de retrouver un lien social”. Parmi les propositions de l’assistance, citons aussi la réforme du travail parlementaire “pour le rendre plus fluide et plus efficace” en rationalisant le droit d’amendement des députés: “On avance trop lentement et on a du mal à réformer notre pays”, estime quelqu’un, visiblement un peu découragé. “Il faudrait davantage de consultations citoyennes pour avancer sur les sujets difficiles”, propose un participant (comme en Irlande). Et surtout, “prendre le temps d’évaluer les réformes et arrêter de déconstruire pour reconstruire sans évaluer, comme lors de la réforme des rythmes scolaires” intervient une autre.
Après Marcy-l’Etoile, jeudi soir, le conseil de circonscription de Thomas Gassilloud était de nouveau sur le terrain, à Sainte-Foy-l’Argentière, le lendemain soir, pour un nouveau débat.
Le comité de rédaction du Conseil de Circonscription