D’emblée, le ton est donné. “Je suis dubitative… Ce Grand Débat, je n’y crois pas du tout”, lâche, sévère, cette jeune femme en gilet jaune. Pour sa troisième réunion publique (après Courzieu et Marcy-l’Etoile), vendredi soir à Sainte-Foy-l’Argentière, le conseil de circonscription (CDC) autour de Thomas Gassilloud, député du Rhône, a accueilli, entre autres participants (dont le maire, Michel Guillarme), une délégation d’une vingtaine de “gilets jaunes”. Sceptiques, peut-être, quant à l’issue du débat, mais bien décidés à faire passer leurs messages… quitte à lever la voix. “La liberté de manifestation existe ! Alors, qu’ils arrêtent avec leurs armes de guerre et leurs grenades de désencerclement !”, s’énerve l’un d’eux. “Tous pourris !”, lance un autre, à l’égard de la classe politique. « On prend le peuple pour des moins que rien !”, peste un autre qui pointe du doigt “la professionnalisation de la fonction politique ».

Il n’empêche. Au-delà des coups de gueule et des invectives, chacun a pu s’exprimer librement et, durant plus de deux heures, les propositions ont fusé à vitesse grand V. Globalement, tous rêvent d’un nouveau monde “plus juste”, avec “une meilleure répartition des richesses” et prônent “une démocratie participative” avec “un gouvernement plus à l’écoute des citoyens”.
Alors que certains exigent la reconnaissance du vote blanc, un autre propose de “rendre le vote obligatoire”. Dans la salle, des voix s’élèvent en faveur d’une réforme de la Constitution. “Notre 5e République a assez vécu”, estime cette dame qui revient sur les “abus”, selon elle, du 49.3 : “Il nous faut une Constitution plus juste”, estime-t-elle. Et surtout, “une baisse générale des taxes pour les classes moyennes” ou, du moins, “sur les produits de première nécessité”, pour “augmenter notre pouvoir d’achat”.

Sur un ton plus léger, quelqu’un propose un journal des “très bonnes nouvelles” à la télé, histoire d’améliorer le moral des Français ! Plus tard, un autre suggère “des cours d’empathie dans les écoles”… La transition écologique n’est pas en reste : “il faut faciliter les énergies libres comme l’éolien ou l’hydroélectrique” ; “développer les petites ligne ferroviaires” ; et, d’une manière générale, parvenir à concilier l’économie, le social et l’environnement.

En attendant, “l’argent public est jeté par les fenêtres”, peste quelqu’un. “On ne sait pas où vont toutes ces taxes !”, renchérit une autre. “Arrêtons tous ces cadeaux fiscaux faits aux grandes entreprises”, poursuit un participant. Et “qu’on supprime tous les avantages et les retraites à vie de nos députés et de nos présidents” (sic)…

Assis dans la salle, Thomas Gassilloud est volontairement peu intervenu pour laisser le plus possible la parole aux participants. “On essaie de mettre en place de nouvelles formes de démocratie participative pour associer davantage les citoyens, assure le député. A l’heure des réseaux sociaux et des chaînes d’informations en continu, on a besoin, plus que jamais, de trouver des espaces de dialogue pour que chacun se sente bien dans la démocratie et, surtout, pour qu’on arrive à construire ensemble, un avenir meilleur. Engageons-nous tous pour cela”.
Une conclusion qui semble avoir été appréciée puis qu’après des applaudissements, chacun a pu se retrouver à poursuivre les échanges autour de fruits locaux.
Le comité de rédaction du conseil de circonscription
