Ce jeudi 10 janvier à Saint-Symphorien-sur-Coise, une quarantaine de citoyens s’est réunie suite à l’appel du député Thomas Gassilloud, afin de préparer des actions locales dans le cadre du grand débat national. Après avoir initié depuis le début du mandat une démarche de proximité, le député a été nommé au niveau national comme référent de la majorité pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. La réunion était également utile pour faire un retour sur les attentes des citoyens concernant cette consultation inédite, dont les contours devraient être précisés ce lundi.
De Montromant, dans les Monts du Lyonnais, à Saint-Genis-Laval, en proche périphérie lyonnaise, en passant par Craponne ou Pollionnay ou Villechenève… Simples curieux ou citoyens engagés, sans étiquette ou impliqués politiquement, étudiants, actifs ou retraités, parfois “gilets jaunes”, ils sont venus des quatre coins de la 10e circonscription — et même de Lyon — pour participer à l’heure du déjeuner, à une première réunion préparatoire au grand débat national. Souhaitée par le Président de la République, cette initiative inédite en France, doit s’ouvrir dès la semaine prochaine pour deux mois et ses contours devraient être précisés ce lundi 14 janvier par une lettre du Président aux Français.
La motivation des participants ? “Donner leur avis” sur ce grand rendez-vous : une “opportunité” à saisir pour les uns, l’opération “de la dernière chance” pour les autres, “vers le rassemblement de tous les Français”, conscients de vivre aujourd’hui “un chaos”, du moins “une situation de crise”. “Les gens ont besoin de s’exprimer, autant que ce soit dans un cadre démocratique”, relève une participante.
Ce besoin de proximité exprimé par les citoyens, le député du Rhône y répond depuis le début du mandat (conseils de circonscription, conseils des maires, débats publics, permanences hebdomadaires, présence lors des événements locaux, etc). C’est sans doute pour cela qu’il a récemment été nommé référent pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le cadre de ce débat national et précise : ce débat, supervisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) est “une démarche de nos institutions, il est organisé par le gouvernement et non un parti, et je suis là en tant que citoyen et député de la Nation”. Quatre thématiques ont été définies : transition écologique ; fiscalité et dépenses publiques ; démocratie et citoyenneté ; organisation de l’Etat et des services publics.
D’emblée, la légitimité d’un tel débat est posée : “C’est un élément essentiel à prendre en compte car on va forcément être confrontés à des gens qui ne font pas confiance au gouvernement et qui seront contre” ou qui estiment “que ça ne va servir à rien”, poursuit une autre, craignant un “boycott”. Pour un jeune participant, “ce débat doit être “l’occasion de remonter les inquiétudes, les problèmes, les préoccupations”. Le député insiste : “On est avant tout des citoyens : il faut aborder ce débat avec beaucoup d’humilité”. Au fond de la salle, quelqu’un s’emporte : “Vous parlez depuis une demi-heure pour ne rien dire ! C’est du vent ! Il faut avancer ! Soyons actifs !”
“Avant de passer aux actions, ce qui sera le cas juste après, il me semble important que chacun exprime ses attentes”, répond Fabienne Tirtiaux, suppléante du député. Parmi les attentes, ce débat devra être “le plus inclusif possible et surtout il va falloir écouter ! Même si on n’est pas forcément d’accord, dans le respect et la tolérance”, mais aussi “avec persévérance et humilité”, et “entendre ce qui sort du coeur et des tripes”, insiste ce participant pour qui ce débat est davantage une consultation. Un avis partagé et repris tout au long de la réunion de travail… même si certains auraient préféré saisir cette opportunité pour tenter de mener “un travail de vérité”, à l’heure où les réseaux sociaux déversent leurs flots de contre-vérités ou une information partiale, tandis que la massification de l’information conduit de plus en plus à la radicalisation.
De l’avis général, “l’objectif est de recueillir les avis de chacun, les regrouper et les faire remonter”, via la plateforme numérique qui sera mise en place par la CNDP. “Les débats viendront après, voire peut-être un référendum ?”. Avec, in fine, ce voeu : “arriver à construire une société plus juste et plus équitable où chacun se sente bien”.
Thomas Gassilloud l’a proposé en début de séance : “Si des citoyens veulent organiser des réunions même chez eux, ils peuvent le faire !” Des associations sont mobilisées et en ont déjà programmées, a ajouté quelqu’un. Mais l’appel est surtout lancé aux maires. Dans l’assistance, un maire en est convaincu. Reste à convaincre les autres. Un membre du conseil de circonscription suggère au député d’inciter les maires à organiser un tel débat dans leur commune alors même que l’Association des maires ruraux de France (AMRF) a exprimé, elle, sa prudence. Thomas Gassilloud se montre, lui, optimiste : “plusieurs maires nous ont déjà fait part de leur volonté de participer activement”.
Pour les intervenants, l’idéal serait d’organiser une action par commune, soit une bonne quarantaine dans la circonscription. Avec le mot d’ordre lancé par l’un d’eux : que chacun aille voir son maire pour, à défaut d’animer une réunion, d’octroyer une salle à ceux qui souhaitent l’organiser. En amont, ces citoyens pourraient même travailler en groupes, sur la méthodologie afin de mener au mieux le débat.
Une participante invite à instaurer des “créneaux d’écoute” pendant une heure ou un après-midi, dans la “maison du peuple”, consciente que certains éprouvent des difficultés à s’exprimer à l’écrit dans les cahiers de doléances. Ces derniers ont été mis en place par des mairies, à l’appel de l’Association des maires de France (AMF).
Une prochaine réunion préparatoire est prévue le 24 janvier, à 20h30, en mairie de Chaponost. Suivra, à proprement parler, la phase d’écoute en février-mars, avec des débats sur le terrain mais aussi par mail ou sur internet (le député a notamment prévu de diffuser des vidéos interactives, en direct, tous les jeudis), avant la phase de restitution. A la fin de la consultation toutes les données collectées seront transmises telles quelles à la Commission nationale du débat public. Thomas Gassilloud propose également d’analyser ces retours à l’occasion d’un séminaire d’une journée ou d’une demi-journée. Une suggestion largement saluée.
Mais tout le monde, dans l’assistance, n’affiche pas forcément le même enthousiasme : “Ce débat est un pari risqué : il va être un grand déballage avec un inventaire de mesures à la Prévert que la France n’aura aucun moyen de financer et qui va faire de très nombreux frustrés : on ouvre, là, la boîte de Pandore ! La finalité de ce débat national me fait peur…”.
Comme le rapporte le Progrès, Thomas Gassilloud se montre rassurant : “Quand un citoyen exprime son mal-être, l’écouter fait déjà progresser la situation. Cette démarche n’est clairement pas suffisante en tant que t’elle, mais utile”. Quant à sa suppléante, Fabienne Tirtiaux, elle se dit tout aussi “confiante”, elle qui a vécu la fin de l’Apartheid, en Afrique-du-Sud : là-bas, les hommes politiques ont réussi à éviter la guerre civile en mettant sur pied des commissions de réconciliation. “Nous réussirons si nous organisons ce grand débat de manière respectueuse”.
Dans l’optique de concilier à la fois les attentes citoyennes exprimé lors de la réunion et le cadre national exprimé par le Président de la République, les citoyens sont conviés au prochain Conseil de circonscription, qui aura lieu à Chaponost ce jeudi 24 janvier afin de finaliser les actions qui seront menées sur le territoire.
Le comité de rédaction du conseil de circonscription
NB : ce compte rendu a été envoyé/modifié par courriel aux participants avant sa diffusion.