Organisées tous les mois depuis sept ans dans une commune différente, les réunions publiques des citoyens du conseil de circonscription (CDC) se suivent et ne se ressemblent pas.
Ce lundi soir, à l’occasion de la 56e séance publique, à la salle des fêtes de Pollionnay, ces derniers sont revenus sur la question de la « fin de vie », alors qu’un projet de loi sur la question va bientôt être étudié à l’Assemblée nationale. Et en particulier sur les fameuses directives anticipées : ces déclarations écrites permettent à toute personne majeure si elle le souhaite, de préciser ses souhaits concernant sa fin de vie. A l’appel des membres du groupe « Fin de vie » du CDC , la cinquantaine de participants s’est divisée en petits groupes pour entamer un début de réflexion sur ce sujet des plus délicats. Un moment d’échanges passionnant où chacun a pu s’exprimer dans l’écoute et le respect mutuel.
Mais avant, et comme c’est le cas pour chacune de ces réunions ouvertes à tous, chacun a pu, dans un premier temps, échanger autour de l’actualité nationale et internationale avec leur député, Thomas Gassilloud. Et même locale : le maire, Philippe Tissot, a remercié le parlementaire pour sa proximité, dans le suivi des projets de la commune (comme le chantier d’extension de l’école et l’aménagement du city stade) ou encore face aux enjeux importants du territoire : « Il est venu plusieurs fois à Pollionnay, chaque fois que je l’ai sollicité, par exemple pour rencontrer le monde agricole autour de la problématique de l’eau », rappelle l’édile.
Les questions de l’assistance ont surtout porté sur la guerre en Ukraine. Également président de la commission de la Défense et des Forces armées à l’Assemblée nationale, Thomas Gassilloud s’est déplacé, ces derniers jours, dans les pays baltes (Lettonie, Lituanie, Estonie) à la rencontre des troupes françaises engagées sur place, où « on assure les missions de police du ciel, explique-t-il, avec plusieurs Rafale de la base militaire de Mont-de-Marsan ». Quant au soutien de la France à l’Ukraine, Thomas Gassilloud rappelle qu’il est d’ordre bilatéral, mais aussi au niveau européen.
A l’échelle de la circonscription, les citoyens du CDC ont formé quatre ateliers autour de quatre thématiques fortes : la résilience, l’éducation, la transition énergétique et la fin de vie. A tour de rôle, chaque référent a présenté l’avancée des travaux de son groupe. Le premier, la résilience, a organisé dernièrement un grand débat public à Marcy-l’Etoile : « Face aux inquiétudes du monde, quel rôle pour chacun ? », alors que le député est l’auteur d’un rapport parlementaire à ce sujet, intitulé « De la nécessité d’une stratégie de résilience nationale ». Jean-Paul (de Brignais) appelle à la réactivité et la mobilisation du plus grand nombre lorsque survient un incident majeur (inondations, incendies de forêt, etc.). Une visite de terrain (ouverte à tous selon les places disponibles) au sein d’une gendarmerie et d’une caserne des sapeurs-pompiers est prévue lundi 20 mars prochain dans les Monts du Lyonnais, suivie d’une nouvelle réunion publique du CDC à Longessaigne.
Le groupe Éducation s’est donné, quant à lui, l’objectif de recenser à l’échelle de la circonscription, les projets éducatifs innovants et inspirants. Les citoyens ont notamment rencontré l’inspecteur de l’Education nationale du secteur et ont visité plusieurs sites comme le Centre éducatif renforcé de Saint-Laurent-de-Chamousset et la Maison des Jeunes et de la Culture de Vaugneray (voir les vidéos dédiées de notre série « Ils font la circo »). Et Patrick (de Craponne) de souligner : « L’éducation est l’essence de la résilience : il n’y aura pas de résilience sans un travail éducatif ». Quant au groupe « Transition énergétique », il planche sur le sujet depuis déjà trois ans et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : il porte désormais son attention sur la problématique du numérique. A suivre.
A l’honneur lundi soir, le groupe « Fin de vie » planche sur l’évolution possible de la législation dans le domaine de l’euthanasie active et le suicide assisté. Armelle (de Charbonnières-les-Bains) a rappelé les dates clés depuis ces vingt dernières années : l’accès aux soins palliatifs en 1999 ; puis la loi Kouchner en 2002 instaurant un droit des malades ; la 1ère loi Léonetti en 2005 avec le refus de l’obstination déraisonnable et le droit, pour les patients, de refuser un traitement. Enfin, en 2016, la loi dite « Claeys-Léonetti », autorise dans certains cas le recours à une sédation profonde. Les directives anticipées voient aussi le jour cette année-là.
Médecin gériatre à l’hôpital des Monts du Lyonnais, à Saint-Laurent-de-Chamousset, Vincent Thouvenin a confirmé l’évolution des droits des malades depuis 20 ans. « Je n’en suis pas fier, reconnaît-il, mais lorsque j’ai commencé à soigner des malades dans les années 1990, je pense avoir pris en charge des gens atteints d’un cancer sans jamais leur prononcer le mot ». Aujourd’hui, ces directives anticipées sont opposables aux soignants et aux médecins : « Si vous n’avez pas envie de soins, c’est vous qui décidez ». D’où l’intérêt de se saisir de l’opportunité de ces directives anticipées. En petits groupes autour d’une table, chacun a pu s’en rendre compte, tout en prenant conscience de la difficulté de l’exercice. « On s’est entendus tout de même pour dire qu’on voulait tous mourir dans la dignité, avec une aide active », plaide Nicole à l’issue de cet atelier pratique. Isabelle avoue la difficulté à « déterminer les circonstances de la fin de vie et la notion d’espoir de vie », tout en jugeant ces directives « méconnues » du grand public (le document est en ligne sur ameli.fr). Chloé (de Brignais) propose, quant à elle, un référendum sur l’évolution de la loi. « Mais la question est de savoir… quelle question poser ?! », sourit-elle.
Pour Thomas Gassilloud, il conviendra au législateur de préciser les conditions de cette aide active à mourir. Voire au suicide assisté, complète Armelle qui rappelle au passage le cas récent de Jean-Luc Godard : le réalisateur franco-suisse a eu recours à l’assistance légale en Suisse à un départ volontaire suite à de multiples pathologies. Les citoyens du conseil de circonscription vont poursuivre leurs réflexions avec l’objectif de produire une synthèse à l’attention du député, « pour l’aider à alimenter sa réflexion ».
Pour plus d’informations, vous pouvez contacter Fabienne Tirtiaux (fabienne.tirtiaux@gassilloud.fr / 06 10 52 60 71).