Ce jeudi 29 novembre, à l’Agora de Saint-Laurent-de-Chamousset, avait lieu un débat public sur le thème “Accès aux soins dans les Territoires, que faut-il changer ?”, organisé par le conseil de circonscription du député Thomas Gassilloud.
Après les premiers consacrés à l’éducation à Saint-Genis-Laval, puis à la sécurité à Craponne, au numérique à Charbonnières-les-Bains et à la transition énergétique à Saint-Symphorien-sur-Coise, ce 5e débat public de l’année a de nouveau fait salle comble.
Ainsi, la déclinaison d’une stratégie de proximité semble porter ses fruits afin que chaque citoyen puisse s’exprimer dans le calme et avec efficacité, auprès de ses représentants et des décideurs locaux.
En introduction, une vidéo était projetée pour dresser un état des lieux de l’accès aux soins dans la circonscription.
Pour répondre aux attentes des professionnels de santé, particulièrement nombreux dans l’assistance, et des citoyens présents, des personnalités avaient été invitées, chacune reconnue pour son expertise dans le domaine médical, aussi bien à l’échelle nationale que locale. Une exigence, à l’heure où la demande d’implication des citoyens dans le débat national est de plus en plus forte. Étaient ainsi présents :
– Cyrille Isaac-Sibille, Député du Rhône et Secrétaire de la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale ;
– Marie-Luce Arnoux, Maire de Chambost-Longessaigne, en charge des solidarités actives au sein de la Communauté de Communes des Monts du Lyonnais (CCMDL) ;
– Jean-Yves Grall, Directeur général de l’Agence Régionale de Santé ARS, Auvergne-Rhône-Alpes, agence d’Etat
– Pierre-Yves Gueugniaud, Chef de service du SAMU de Lyon.
La Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, est aussi intervenue par un message vidéo spécialement enregistré pour l’occasion, rappelant le plan national “Ma Santé 2022” qu’elle a présenté récemment.
https://www.youtube.com/watch?v=_nDl6iQ6nZM&feature=youtu.be
A été également confirmée la restructuration des trois hôpitaux de Saint-Laurent-de-Chamousset, Saint-Symphorien-sur-Coise et de Chazelles-sur-Lyon avec leur fusion administrative, “pour ré-organiser et pérenniser l’offre de soins dans les Monts du Lyonnais”.
Alors, en matière d’accès aux soins, “que faut-il changer ?” Telle est la question… Pendant plus de deux heures, les intervenants et le public ont pu en débattre. Et quelques réponses ont pu être formulées, face à une situation “loin d’être satisfaisante”, reconnaît la ministre dans son intervention vidéo, rappelant que le gouvernement a pris à bras-le-corps cette problématique, dès son arrivée l’an dernier.
Les acteurs locaux, eux, ont insisté pour que les instances décisionnaires leur fassent confiance : il faut “croire en l’intelligence locale”, plaide Marie-Luce Arnoux qui n’a pas hésité à implorer que “cesse le démantèlement des services publics”.
Face à la désertification médicale, comme c’est le cas particulièrement dans le nord des Monts du Lyonnais, il faut “plus de médecins”. Et pour les inciter à venir s’installer ici, le territoire se doit d’être attractif.
Au-delà, d’autres propositions de réorganisation se font jour : citons l’amélioration du temps médical en déchargeant le plus possible les médecins des tâches administratives qui n’en finissent pas d’alourdir leur quotidien ; mais aussi la délégation de tâches — notamment en faisant appel à des assistants médicaux : 4 000 doivent être formés sur le territoire national ; “trop peu”, de l’avis d’une observatrice dans l’assistance pour qui il en faudrait trois ou quatre fois plus — et, surtout, le regroupement des professionnels dans des maisons de santé, “des lieux d’exercice qui correspondent aux aspirations personnelles des jeunes médecins” pour qu’ils travaillent en équipe, a répété M. Grall. Voire des incitations financières dans les zones les plus critiques.
La problématique de l’aide médicale d’urgence dans les secteurs isolés (avec l’intervention d’un médecin dans les trente premières minutes), a été évoquée : le SMUR (Service médical d’urgence et de réanimation) dispose désormais à Lyon d’un deuxième hélicoptère sanitaire, qui s’ajoute à la création récente d’un “héliSMUR” à Clermont-Ferrand, pour intervenir rapidement jusque dans les Monts du Lyonnais. Mais aussi, et surtout, l’accès aux urgences “qu’il faut développer pour adapter réellement l’offre aux besoins” de la population, poursuit M. Grall.
“On a une bonne médecine d’urgence qui se développe dans le bon sens, avec l’apparition d’une spécialité de médecin urgentiste, estime le Professeur Gueugniaud. Il faut développer les collaborations entre les médecins urgentistes et les médecins libéraux.” Deux chiffres à retenir : sur les 500 000 appels au Samu 69, 11 000 entraînent une intervention pour urgence vitale. “J’espère qu’on ne détruira pas ce qui fonctionne”, lâche-t-il.
Ce dont doutent, dans la salle, des médecins du centre hospitalier du Forez (Feurs et Montbrison) venus en délégation manifester leur exaspération : “les équipes ont été disloquées, désorganisées et ne peuvent plus répondre à la demande de soins ! (…) Arrêtez le massacre !”, alerte l’un d’eux, sous les applaudissements. Une pétition lancée il y a quinze jours a d’ores et déjà recueilli cinq mille signatures pour le maintien du service de cardiologie et des urgences. “Je comprends ce que vous dites, mais je vous comprends moins quand vous dites que c’est délibéré (…), répond le député Cyrille Isaac-Sibille. Dans notre République, collectivement, soyons dans une forme de confiance !” Et le Directeur de l’ARS de souligner : “Personne ne veut du mal à personne ! (…) Le centre hospitalier a besoin de rationaliser son organisation pour avoir les moyens de payer son personnel : on a été pris à la gorge par la rupture de trésorerie. On a subventionné très fortement pour que cet établissement continue de fonctionner. Un projet médical est en cours de mise en œuvre. L’objectif étant d’apporter une réponse aux besoins de la population. Il ne faut pas se raconter des histoires : les personnes qui ont besoin de soins d’urgence ne vont pas à Feurs ni à Montbrison, elles vont à Saint-Etienne qui n’est pas loin !
L’idée est de donner à la population ldes conditions d’un accès aux soins sécurisées, d’avoir des soins de proximité adaptés à ce que doit être la proximité. Il n’est pas anormal ni malsain de développer une politique pour les personnes âgées de proximité plutôt que de se leurrer sur des activités qui n’ont pas d’avenir en tant que telles en dehors des consultations spécialisées, de lits de médecine d’adaptation, de SSR (soins de suite et de réadaptation) dont on manque. Tout le monde essaie de faire au mieux pour adapter l’urgence vitale, l’accès à des soins et l’accès à des prestations de proximité qui permettent de garder le lien social pour un certain nombre de personnes, notamment âgées.”
Les usagers du centre médical de l’Argentière (CMA), géré par une fondation reconnue d’utilité publique, craignent eux aussi pour l’avenir du site : des projets de réorganisation sont en cours. Tout comme le personnel du centre périnatal de proximité (CPP) de l’Arbresle. “Dans la circonscription, il n’y aura aucune sage-femme en dehors des heures d’ouverture des centres de consultation de Saint-Etienne, à Villefranche et de Roanne à Lyon, est-ce que vous trouvez ça normal ?”, s’étonne une participante, dans la salle.
“Ce centre n’est pas une maternité mais un relais pour un certain nombre de prestations pré ou post-natales et il ne sera pas fermé, il est financé pour ce qu’il est, un service qui donne ce qu’il doit donner comme les textes le déterminent. Il n’y a donc pas lieu de faire de la discrimination en finançant supplémentairement des lits d’hébergement alors que les durées de séjours sont très faibles”, répond M. Grall.
Là encore, “il ne s’agit pas de se raconter des histoires en demandant de l’hébergement qui n’est pas sécurisé !”, lâche M. Grall. Et de conclure : “Le rôle de l’ARS est d’organiser les soins et d’essayer de faire en sorte que tous ceux-ci soient améliorés : on ne ferme pas des hôpitaux, on les adapte aux réalités actuelles ou à venir, dans le contexte général où l’on a du mal à pourvoir partout.”
personnes âgées….. Quant au dossier médical partagé, il va dans le sens d’une amélioration de la prise en charge du patient.
Quid, aussi, des missions des pompiers, en particuliers des volontaires qui peuvent être découragés en assurant trop souvent du transport sanitaire, du fait de la carence de service ambulancier.
Après des échanges approfondis pendant près de 3 heures, chacun se retrouvait autour de produits locaux pour continuer le débat, saluant cette démarche de démocratie participative qui aboutira prochainement à des propositions nationales.