
Les séances du conseil de circonscription (CDC) de Thomas Gassilloud se suivent mais ne se ressemblent pas. Pour leur 28e réunion publique mensuelle depuis l’élection du député du Rhône, en juin 2017, les citoyens se sont retrouvés, ce jeudi 9 avril, devant leur écran, en visioconférence. La deuxième du genre, depuis le confinement instauré par le chef de l’Etat en raison de la crise sanitaire. L’épidémie de coronavirus a bouleversé l’agenda prévisionnel du CDC : le traditionnel “Tour de la circo” organisé chaque année aux beaux jours, dont la thématique devait porter, en 2020, sur l’agriculture et les produits locaux, a été annulé ; et la websérie documentaire mensuelle “En route pour la transition écologique” suspendue. “Mais la thématique agricole et alimentaire continue de nous intéresser et nous gardons toujours dans l’idée d’organiser, à l’automne, un grand débat public à ce sujet”, temporise Fabienne Tirtiaux, suppléante du député et chargée de l’animation du conseil de circonscription. Visiblement plus à l’aise avec l’outil numérique, les citoyens ont échangé avec passion et intérêt, tout au long de cette visioconférence qui aura duré plus d’une heure et demie.
Comme il le fait à chacune des séances du CDC, Thomas Gassilloud a dressé un inventaire de ses actions menées ce dernier mois. La crise l’a obligé, lui aussi, à revoir son emploi du temps. “Le travail législatif est organisé de manière différente, dans le sens où seuls des représentants de chaque groupe politique continuent à l’assurer à l’Assemblée nationale, pour éviter la propagation du virus, explique-t-il. C’est ainsi qu’a été voté le projet de loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19.” Bien qu’il garde le contact et continue à échanger avec les autres parlementaires et les représentants du gouvernement en visioconférence (des rendez-vous “en ligne” sont programmés très régulièrement), le député du Rhône concentre particulièrement ses efforts aujourd’hui au niveau local, dans sa circonscription.

Face à la crise, Thomas Gassilloud a véritablement adopté une démarche pro-active, en se donnant pour mission de coordonner sur le territoire, à la fois les professionnels de santé (médecins généralistes, hospitaliers, en Ehpad, établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes,…) et les maires de la circonscription. Des messageries instantanées ont été mises en place pour permettre à chacun d’entre eux, d’échanger leurs expériences, leurs éventuelles difficultés ou leurs interrogations au quotidien. “Ces deux boucles fonctionnent très bien : de très nombreux messages sont envoyés chaque jour”, se félicite-t-il, en partageant sur l’écran, une carte présentant l’offre de santé dans la circonscription avec ses structures hospitalières, ses Ehpad, ses deux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) du pays de l’Arbresle et des Vallons du Lyonnais, sans compter ses cabinets de médecine ambulatoire et sa maison médicale de santé (à Brignais). Le député du Rhône propose aussi aux personnels soignants comme aux maires du territoire, des rendez-vous réguliers en visioconférence.Thomas Gassilloud rappelle aussi qu’il a participé à des distributions de masques et d’alcool (en vue de la fabrication de kits de gel hydroalcoolque) ou encore de surblouses pour le personnel soignant. A la question de Jean-Michel de Chaponost, il reconnaît que les besoins sont énormes : “En France, il faudrait 25 millions de masques par semaine, rien que pour les professionnels de santé”. Or, début 2020, l’Etat ne disposait d’aucune réserve en masques FFP2 et d’un stock de 117 millions de masques chirurgicaux adultes…

La situation tend aujourd’hui à s’améliorer. “Elle est sous contrôle dans les grands établissements hospitaliers mais encore très tendue dans les EHPAD”, juge Thomas Gassilloud Dans ce domaine, les collectivités territoriales (la Région, le Département et la Métropole de Lyon) ont joué la carte de la solidarité et ont, elles aussi, financé l’achat de masques pour les distribuer aux professionnels de santé. Mais l’état des stocks reste fragile et des tensions demeurent. Surtout si l’on veut en mettre à disposition du grand public : “J’y suis favorable, confirme Thomas Gassilloud. Les citoyens doivent bénéficier de masques, surtout pour protéger leur environnement du Covid-19”. Au-delà des masques, une autre pénurie se fait jour, celle des surblouses (voire des sur-lunettes) qui sont de plus en plus rares, “c’est la raison pour laquelle on tente, avec les maires, d’organiser des productions artisanales en voile d’hivernage par exemple”, confie-t-il. Une opération associant plusieurs collectivités sera lancée ce week-end.La crise sanitaire s’accompagne aussi d’une crise économique. Cela n’a pas échappé aux citoyens du CDC qui proposent l’organisation d’une deuxième visioconférence dédiée au monde économique. C’est acté. “Un plan massif de soutien au secteur économique a été adopté”, rappelle, au passage, Thomas Gassilloud qui précise que “la réouverture des commerces qui ne sont pas de première nécessité n’est pas encore à l’ordre du jour”. Les grandes surfaces continuent, pourtant, de vendre d’autres articles loin d’être essentiels, s’interroge Patrick de Craponne. Les règles ont toutefois été assouplies ces derniers jours et des jardineries peuvent désormais ouvrir leurs portes, sous conditions. Sur avis des maires, les préfets ont aussi autorisé le maintien de certains marchés alimentaires. “En matière d’autorisation ou pas, il est de plus en plus demandé aux acteurs locaux de faire preuve de discernement”, reconnaît Thomas Gassilloud.“Cette crise va laisser des traces”, estime le député. “Pour 2020, on s’attend à une récession de -5%”, rappelle-t-il. Elle aura pourtant permis de débloquer certaines “barrières psychologiques”, faisant référence au télétravail. “C’est tout l’enjeu de la transformation digitale de notre pays”, plaide Dominique de Messimy qui croit, par ailleurs, à “une mutualisation des moyens au niveau européen”, plus que jamais nécessaire, selon lui, au sortir de la crise.

Forcément, la question du déconfinement s’invite dans les échanges. S’il n’est pas encore pour demain (peut-être dans le courant du mois de mai ?), le Premier Ministre a d’ores et déjà esquissé le principe d’un déconfinement “progressif et territorialisé”. Il s’accompagnera nécessairement d’une phase de tests massifs et de distribution de masques pour tous, selon une “stratégie globale”. Un système de “tracking” est aussi envisagé : une application mobile pourrait être déployée, sur la base du volontariat, à l’issue de la période de confinement, dans le but de limiter le risque d’une deuxième vague de contamination. “Vous pourriez ainsi être avertis sur votre téléphone portable si vous avez croisé, dans la rue par exemple, un individu contaminé”, explique le député. Christian de Pollionnay se dit gêné par la mise en place d’une telle application, du point de vue des libertés individuelles. “Il n’est pas envisagé, en France, de tracer les individus par géolocalisation”, relativise Thomas Gassilloud.La prochaine séance du conseil de circonscription est prévue jeudi 14 mai. Et là encore, le conseil de circonscription entend innover. Toujours en mode visioconférence, les citoyens souhaitent organiser un véritable débat public, en présence d’un expert pour répondre aux questions des internautes sur la thématique : “Quelle stratégie européenne pour la sortie de crise ?”. D’ici là, le CDC va se réunir de nouveau pour préparer le rendez-vous. De quoi augurer des échanges riches et passionnants.