Un beau moment de solidarité et d’échanges. Mardi 31 mars, Thomas Gassilloud, député du Rhône, et son équipe ont proposé aux six comités de jumelage franco-italien de la circonscription de prendre des nouvelles de leurs voisins transalpins, le temps d’une visioconférence publique. Les français de Brignais, Brindas, Chaponost, Grézieu-la-Varenne, Saint-Genis-Laval et Vourles et leurs “jumeaux” italiens d’Arqua Polesine, Chignolo Po, Finale Emilia, Lesignano de Bagni, Ponsacco et Pontassieve (voir notre carte interactive) ont volontiers joué le jeu et, au final, ils ne le regrettent pas : des deux côtés des Alpes, l’initiative est unanimement saluée. En témoignent les messages de félicitations des uns et des autres, égrenés tout au long de la soirée qui a réuni, durant une heure et demie, pas moins de 70 participants. “Cette idée un peu folle et audacieuse, nous a paru évidente au vu des circonstances”, commente Fabienne Tirtiaux, suppléante et maître d’oeuvre de ce rendez-vous inédit. Des échanges qui font chaud au coeur et qui réaffirment, si l’on en doutait encore, les liens de solidarité forts entre deux peuples unis face à un même ennemi commun. Tour d’horizon des différentes interventions de la soirée.
🎥 Vous pouvez retrouver ici la vidéo de cette visioconférence publique.
Brignais / Ponsacco
Des retrouvailles chaleureuses entre Paul Minssieux, le maire de Brignais, et Francesca Brogi à Ponsacco. Les deux villes jumelées depuis 2003 ont partagé déjà bon nombre de projets. La crise que nous traversons aujourd’hui les rapproche un peu plus encore. “C’est un moment très difficile pour l’Europe entière”, reconnaît la jeune femme. “Ici, en Toscane, nous sommes très engagés dans la lutte contre le coronavirus”, affirme-t-elle, déplorant 18 cas positifs et un décès dans sa commune. Ici, le confinement est appliqué avec rigueur et “depuis quelques jours, nous n’enregistrons plus de nouveaux cas”, annonce-t-elle. La municipalité multiplie aussi les aides et les actions de solidarité vis-à-vis des personnes isolées ou fragiles. Dans son intervention, la présidente des Amitiés franco-italiennes, Teresa Bernardinis, rappelle que son association (250 adhérents) s’était déjà mobilisée pour venir en aide à ses amis italiens après les tremblements de terre meurtriers qui avaient secoué la région il y a quatre ans. Radhouane Zayani, médecin à Brignais, tient, quant à lui, à transmettre un message de solidarité “pour tous les soignants des deux pays” : “Il faut tenir bon jusqu’à ce qu’on batte ce virus !”.
Brindas / Chignolo Po
En l’absence du maire de Brindas, Frédéric Jean, excusé, Gérard Bichonnier, conseiller municipal, a expliqué les origines de ce jumelage qui a vu le jour en 2011. Guignol, la célèbre marionnette créée à Lyon au début du XIXe siècle par Laurent Mourguet,unit désormais symboliquement les deux communes. Mais l’heure n’est pas aujourd’hui aux coups de bâton et à la plaisanterie : “Nous avons 25 cas suspectés de Covid-19 à Brindas et un cas confirmé”, déplore l’élu. De l’autre côté des Alpes, le maire de Chignolo Po a dû renoncer, à la dernière minute, à participer à la visioconférence. Pour une bonne raison : “Il a été appelé pour réceptionner une livraison de masques destinés à la population”, l’excuse Elena, à l’autre bout du fil. Chignolo Po n’est pas épargnée : la ville, située à une vingtaine de kilomètres à peine des premiers foyers infectieux en Italie, accuse un lourd bilan : 5 décès parmi la population (environ 4000 habitants) et 17 cas positifs à l’heure actuelle. “Les dépistages ne sont pas suffisants”, estime-t-elle en substance. “La situation est très difficile”, mais toutes les mesures sanitaires sont prises pour limiter la propagation du virus.
Chaponost / Lesignano de Bagni
Par la voix de son maire, Damien Combet, Chaponost compte, à ce jour, un habitant en réanimation. De son côté, Sabrina Alberini décrit, elle aussi, une situation “très difficile”. Lesignano a été la première commune de la province de Parme à être touchée par le Covid-19. Des mesures ont immédiatement été prises et aujourd’hui, tous espèrent que la situation va se stabiliser. C’est d’ores et déjà, semble-t-il, le cas à Parme où le nombre de cas a tendance à diminuer et des lits d’hospitalisation sont enfin disponibles. “Je compte sur les citoyens pour qu’ils continuent à rester chez eux”, insiste Sabrina qui annonce que des mesures sont en cours pour approvisionner directement les personnes à domicile. “Je pense que nous en sortirons profondément changés en mieux et je voudrais passer le message comme quoi, en ce moment, il n’y a plus de couleurs politiques.” (remerciements à Joséphine Castoro pour la traduction)
Saint-Genis-Laval / Pontassieve
Pour un vingtième anniversaire du jumelage entre Saint-Genis-Laval et Pontassieve, les circonstance auraient pu être meilleures. Mais la fête n’en sera que plus belle, à l’issue de la crise, promet Giulia Borgheresi, adjointe au maire de Pontassieve, en charge de ce jumelage particulièrement actif. “Merci pour ce moment d’échanges qui raccourcit les distances”, sourit-elle. Un message résolument optimiste, nuancé par les propos du maire de Saint-Genis-Laval : “Quand on sortira de la crise sanitaire, nous devrons faire face à une crise économique, sociale voire sociétale et nous aurons besoin de tous nos amis européens pour y répondre”, estime Roland Crimier. A Pontassieve où l’on déplore 52 cas positifs pour 21000 habitants, Monica Marini, la maire, se montre résolument rassurante : “La diminution importante des chiffres en Toscane nous donne beaucoup d’espoir et doit aussi en donner aux autres pays comme la France”. On croise les doigts ! Saint-Genis-Laval / Pontassieve
Vourles / Arqua Polesine
Dix-sept ans de liens fraternels entre Vourles et Arqua Polesine, un village d’à peine plus de 2000 âmes situé dans la province de Rovigo. “De véritables liens d’amitiés se sont tissés entre nous”, confirme le maire, Serge Fages. Alors que Brice Thiollière en profite pour dresser une brève présentation des actions du comité de jumelage, notamment auprès de la jeunesse, “l’avenir du jumelage”, Chiara Turolla donne des nouvelles du front, côté italien : “Nous ne déplorons, heureusement, que deux cas qui font l’objet d’une surveillance attentive à domicile, dit-elle. Nous avons distribué des masques et nous organisons maintenant la mise à disposition de subventions économiques allouées par le gouvernement, pour les familles en difficultés”, tout en espérant que ce drame se termine bientôt. Un voeu unanimement partagé.
Grézieu-la-Varenne / Finale Emilia
Finale Emilia est jumelée avec Grézieu-la-Varenne depuis plus d’un demi-siècle : son officialisation date de 1966. Lucia Rolando, psychiatre de profession, revient précisément sur la situation dans les écoles italiennes. Pour les écoliers comme pour les étudiants en université, les cours sont donnés via internet, par visioconférence et messagerie instantanée. “Les professeurs suivent leurs programmes d’enseignement”, témoigne-t-elle. Y compris pour les plus jeunes de maternelle qui profitent de petites chansons ou d’histoires par écran interposé. Mais le confinement n’est pas sans danger et l’Italie recense nombre de cas d’urgences psychiatriques et de situations conflictuelles liées à l’isolement.
Le mot de la fin revient à Thomas Gassilloud. Le député du Rhône appelle à plus d’humanité et plus de solidarité entre les pays et les individus eux-mêmes. “L’expérience que nous venons de vivre ensemble ce soir et qui mérite d’être renouvelée, en est un bel exemple”, conclut-il, en remerciant l’ensemble des participants pour leur dynamisme. “A nos amis italiens, nous sommes de tout coeur avec vous.”