11e Débat public à Marcy-l’Etoile : Face aux incertitudes du monde, quel rôle pour chacun ?
Face aux incertitudes du monde, quel rôle pour chacun ? Voilà le thème du 11e grand débat public thématique à l’initiative de Thomas Gassilloud, député du Rhône, et organisé, ce lundi 5 décembre à Marcy-l’Etoile, avec les citoyens du conseil de circonscription. A l’entrée de la salle des fêtes “la Pyramide”, ces derniers invitent d’emblée le public qui le souhaite à poser ses idées ou ses questions par écrit, sur des post-it de couleur. Les petits rectangles de papier seront classés selon leur thématique sur l’un des quatre panneaux dressés derrière une longue table : “Ici sur ce premier panneau, ce sont les plus grands risques ; à côté, ce qui est le plus utile pour vous pour limiter ces risques ; ensuite, ce que vous pouvez faire face à ces risques ; et enfin, les questions diverses”, montre Paul, de Messimy, qui a rejoint le CDC il y a deux mois, pour participer au groupe “Résilience” chargé de l’organisation de ce débat. Au fur et à mesure, les tableaux se colorent au même rythme que les gradins se remplissent : quelque 150 personnes ont bravé le froid hivernal pour participer à la soirée.
Sur scène, Fabienne Tirtiaux, suppléante du député, lance les discussions, saluant « cette énergie citoyenne qui nous accompagne depuis le début du mandat ». Avant d’appeler les quatre intervenants invités : Olivier Zajec, ancien officier de l’armée de Terre, professeur de science politique, Université Jean Moulin Lyon 3, Directeur de l’institut d’études de stratégie et de défense (IESD) ; Arthur Keller, spécialiste des risques systémiques et des stratégies d’organisation collective face à ces risques ; Emmanuel Clavaud, contrôleur général, directeur du Service Départemental et Métropolitain d’Incendie et de Secours (SDMIS) ; et Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du Service national universel (SNU). Une jeunesse mise à l’honneur durant l’après-midi à l’occasion « d’une journée marathon dédiée à l’engagement des jeunes », à travers la commune, avec le député, rappelle le maire, Loïc Commun, en guise d’introduction (lire par ailleurs).
Thomas Gassilloud, également président de la commission de la défense nationale et des forces armées à l’Assemblée nationale, pointe une autre forme d’engagement, celui des citoyens dans leur ensemble : “Au-delà des beaux outils dont on dispose, que ce soit les Armées pour notre défense collective ou le service de sécurité civile par exemple, la force et la résilience du pays repose avant tout sur le fait que chaque citoyen s’engage à son niveau face à des risques extrêmes”. “Certes, le sentiment d’incertitude tend à s’amplifier avec les crises successives”, rappelle Olivier Zajec, mais “il faut raison garder et ne pas se laisser imposer les modèles et les jugements sur l’ordre international par des acteurs extérieurs” , plaide-t-il. En deux mots, selon sa formule, “conserver son autonomie conceptuelle” . Et sans doute, aussi, une dose d’optimisme, comme l’a écrit, sur un post-it, quelqu’un dans la salle. Et pour cause, le scénario que dresse Arthur Keller ne rassure pas forcément : “la fin du pétrole abondant et bon marché signifie la fin de la possibilité de maintenir le système” , commente-il. Et d’expliquer : “Pour la nourriture, on dépend de semences, d’engrais, de machines, de produits pharmaceutiques pour l’élevage (…) qu’on ne produit pas nous-mêmes” ; insistant sur notre vulnérabilité alimentaire. Et que se passerait-il si les approvisionnements alimentaires venaient à manquer sur la durée ?
Pour les pompiers, en revanche, avec une intervention en France toutes les 7 secondes et dans le Rhône, une toutes les quatre minutes, l’incertitude fait partie du quotidien. “Nous affrontons cette incertitude en nous préparant et en étant toujours dans cette capacité de mobiliser cette intelligence collective, témoigne Emmanuel Clavaud. Chez nous, la dimension individuelle ne vaut rien. Aucune certitude, si ce n’est celle de travailler ensemble, en confiance, avec lucidité et en toute humilité pour repousser nos limites et surtout, toujours aller dans le sens de l’intérêt général” . Cette conception n’est pas sans rappeler les objectifs du service national universel (SNU) lancé à titre expérimental en 2019. Appelé de ses vœux par le Président de la République, le SNU “doit permettre à notre jeunesse de ne pas considérer que son avenir est plombé par ses risques », résume Sarah El Haïry. C’est lui donner les moyens de ne pas être anesthésié par l’anxiété et c’est déjà, un énorme espoir”.
Dans l’assistance, on s’interroge sur le caractère obligatoire du SNU (les parlementaires vont en débattre) ; le manque de structures dites d’éducation populaire ; la mondialisation ; ou encore le dérèglement climatique. Sur ce dernier point, Arthur Keller est clair : “Ce n’est pas un problème, c’est un symptôme !”. “Le problème, clame-t-il avec force, c’est que notre civilisation convertit la nature en déchet ! (…) On ne prend pas les choses sous le bon angle !”.
Pour le chef des pompiers du Rhône, “ il est évident que nous allons devoir affronter des défis auxquels nous ne pensons pas, mais nous aurons la force d’avancer, en passant par des changements structurels profonds”. Et aussi en retrouvant “ce sens du collectif”, conclut Thomas Gassilloud.
“C’est la force de la Nation, la force du partage d’un projet collectif qui, in fine, nous protège” , estime-t-il. Reste à se préparer, collectivement, au pire : ce serait, paraît-il, la recette du bonheur… à l’image des Finlandais considérés comme le peuple le plus heureux du monde. Alors…