
Un séjour loin des sentiers battus. Le député de la 10e circonscription du Rhône, Thomas Gassilloud a vécu pendant une semaine en immersion au sein de la gendarmerie et des forces armées guyanaises. L’Objectifs ce de déplacement parlementaire ? Mieux comprendre les problématiques de ce département souvent méconnu, notamment la maîtrise et la défense de ce territoire via l’entraînement et action quotidienne de la gendarmerie et des légionnaires présents ; et l’urgence écologique à défendre la forêt équatoriale contre contre l’orpaillage illégal.
Dans ce département grand comme le Portugal, la France dispose, sur place, de 2400 militaires. L’occasion, pour l’élu, de visiter, dans le cadre de ses travaux exoatmosphériques, le centre spatial guyanais qui s’apprête à lancer, aujourd’hui, la centième fusée Ariane 5, tandis que le premier décollage d’Ariane 6 est prévu en 2020 (le pas de tir est en cours de construction). Des fusées Soyouz (russes) et Vega (italiennes) sont aussi lancées d’ici. “Kourou est le seul site en Europe où l’on peut lancer des fusées à moindre coût car le plus proche de l’équateur, et envoyer des satellites géostationnaires, explique Thomas Gassilloud. D’où un lieu hautement stratégique.”
Le député, qui doit rendre un rapport d’ici cinq à six semaines, sur la préparation opérationnelle des forces, a enfilé la tenue kaki de camouflage du parfait militaire pour passer les épreuves du fameux centre d’entraînement — l’un des plus réputés dans le milieu des Armées — tenu par des légionnaires, en pleine forêt équatoriale (la forêt primaire représente 90 % de la superficie de la Guyane). “Au-delà des aspects purement physiques et rustiques, les légionnaires ont développé une connaissance assez fine de la faune et de la flore du milieu, avec une variété animale et végétale très impressionnante”, explique Thomas Gassilloud. Le centre d’entraînement propose des stages physiques d’aguerrissement pour l’ensemble des forces armées françaises, européennes, voire internationales, connus pour leur grande rigueur, confie-t-il. Une expérience extrêmement enrichissante et qui amène beaucoup d’humilité.”

Outre les missions régaliennes de souveraineté nationale, les forces armées guyanaises assurent aussi la protection et l’évacuation de ressortissants (en Haïti par exemple en 2005) ; la sécurisation du centre spatial (opération Titan avec la gendarmerie) ; et la lutte contre l’orpaillage illégal (opération Harpie). “Des milliers d’orpailleurs notamment brésiliens et surinamais viennent ici chercher l’or illégalement, commente l’élu. C’est une activité très attractive puisqu’un seul puits peut générer jusqu’à 1 kilo d’or par jour, mais aussi extrêmement polluante car les orpailleurs brassent la terre et détruisent la forêt primaire qui va mettre énormément de temps à se reconstituer, mais ils utilisent aussi des produits chimiques, notamment du mercure et du cyanure (pour dissocier l’or de la pierre) qu’ils rejettent dans la nature.” Les autorités estiment que dix tonnes d’or sont extraites chaque année illégalement. D’où le projet — légal, celui-là — de la Montagne d’or qui pourrait être une opportunité pour tout un territoire (en particulier pour la ville la plus proche, Saint-Laurent-du-Maroni, 50 000 habitants, à la frontière du Surinam) avec un millier d’emplois à la clé dans une zone où le chômage atteint des sommets (50 %). Le gouvernement étudie actuellement la question : le ministre de la transition écologique, François de Rugy, va rendre un rapport d’ici à quelques jours.
Dans la foulée, le député a aussi visité le régiment du service militaire adapté (RSMA) qui propose une formation dans une vingtaine de métiers différents ou une première expérience professionnelle dans le soutien et la formation, en priorité pour les jeunes sortis du système scolaire sans diplôme ou sans expérience professionnelle (10% des jeunes Guyanais). Une initiative très inspirante, lors de l’entame des travaux parlementaires relatifs au Service nationale universel (SNU). “J’ai visité des stands de menuiserie et de transports en commun, il y a même, c’est assez étonnant, des militaires ou, en tout cas, des personnels qualifiés qui apprennent tout ce qui concerne la petite enfance. On a un excellent retour des jeunes qui sont en décrochage scolaire ou même avec la société qui passent par ce RSMA et qui, à l’issue, peuvent s’intégrer facilement dans la vraie vie et trouver un boulot, ce qui peut compenser certaines carences du système scolaire guyanais.” Autant dire un séjour riche d’enseignements, durant lequel Thomas Gassilloud a eu l’honneur de remettre à deux légionnaires un décret de naturalisation, nous rappelant les valeurs d’engagement et d’ouverture de la France.