Le conseil de circonscription à l’initiative de Thomas Gassilloud (député de la 10e circonscription du Rhône) a organisé, jeudi 27 septembre, un grand débat citoyen sur la transition énergétique. Retour sur une soirée riche en enseignements, suivie par 170 personnes, au foyer-cinéma de Saint-Symphorien-sur-Coise, dans les Monts du Lyonnais.
Restons optimistes. C’est finalement le message que l’on retiendra de ce débat public sur le thème de la transition énergétique. Un débat sans langue de bois, mais respectueux de la parole des uns et des autres, preuve, si l’on en doutait encore, que les mentalités ont évolué face à un sujet aussi sensible qui a parfois trop tendance à diviser.
Une belle satisfaction pour le conseil de circonscription (CDC) de la 10e circonscription du Rhône, organisateur de cette soirée, jeudi 27 septembre, au foyer-cinéma de Saint-Symphorien-sur-Coise. Ce groupe de citoyens engagés qui s’est constitué à l’initiative de Thomas Gassilloud et animé par sa suppléante, Fabienne Tirtiaux. peut aussi se targuer d’avoir réussi à rassembler le public, un soir de semaine et en plein coeur des Monts du Lyonnais : pas moins de 170 personnes, dont de nombreux élus locaux, y ont fait le déplacement pour s’interroger — l’enjeu était de taille — sur l’avenir de la planète.
Pas tous, certes, en véhicule électrique (mais on nous assure que le réseau des bornes de recharge va se développer rapidement, y compris dans la circonscription, à Saint-Symphorien et à Montrottier). Le CDC n’en était pas à son coup d’essai : ce débat public — qui a également pu être suivi en direct sur facebook — faisait suite à trois autres rencontres thématiques depuis le début de l’année, sur l’éducation (à Saint-Genis-Laval), le numérIque (à Charbonnières-les-Bains) et la sécurité (à Craponne).
Pour aborder ce sujet majeur, le CDC avait fait appel à des spécialistes de la question :
- Patrick Chaize, sénateur, vice-président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, qui participe au débat législatif sur l’énergie ;
- Le préfet Jean-François Carenco, président de la commission de régulation de l’énergie (CRE), “le gendarme de l’énergie” en quelque sorte et ex-préfet de région, qui travaille sur les programmations pluriannuelles de l’énergie (2008-2028) ;
- Bernard Chaverot, maire de Montrottier, conseiller régional et vice-président de la communauté de communes des Monts du Lyonnais, délégué à la transition énergétique et qui a exposé les enjeux énergétiques au sein de ce territoire rural ;
- Jacques Longuet, délégué régional d’EDF en Rhône-Alpes, qui a précisé sa vision en tant que producteur d’énergie ;
- Christian Vives, directeur régional d’Enedis Rhône-Alpes qui a évoqué les réseaux de distribution ;
- Marc Jedliczka, porte-parole de l’association Négawatt, invité pour sa vision de citoyen expert.
Sans oublier un invité de marque : le ministre de la transition écologique et solidaire en personne, François de Rugy, avait souhaité adresser à l’assistance un message vidéo diffusé en début de soirée, sur le grand écran du cinéma. Si son agenda ne lui a pas permis d’être présent, il a toutefois tenu à rappeler que ce débat avait lieu quelques semaines avant “un moment clé pour la politique énergétique de la France” : la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) proposée par le gouvernement avant sa phase de concertation et de mise en oeuvre. Le ministre a dressé ses priorités : le climat (“baisser nos émissions de gaz à effet de serre en limitant la production d’énergies fossiles ; fermeture des centrales à charbon ; développement du véhicule électrique ; limitation du fioul dans le chauffage pour le logement”), la baisse des consommations “par de nouvelles pratiques” et “en rénovant massivement les bâtiments publics ou privés”, le développement “massif” des énergies renouvelables, mais aussi “le rééquilibrage du mix énergétique en baissant la part du nucléaire et en diversifiant toutes les autres sources de production d’énergie” (la vidéo complète du message du ministre est en ligne sur la page facebook de Thomas Gassilloud).
Soutien de François de Rugy à Thomas Gassilloud – Transition énergétique
Merci à François de Rugy, ancien président de l'Assemblée nationale et désormais au Ministère de la Transition écologique et solidaire pour ton soutien.La forte participation au Débat public : transition énergétique, des paroles aux actes ! montre la prise de conscience et la détermination à agir. Ensemble, nous engagerons la #TransitionEnergetique.
Publiée par Thomas Gassilloud sur Samedi 29 septembre 2018
Durant la soirée orchestrée par Thomas Gassilloud, également membre de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques), les intervenants ont été interrogés par le public. Pêle-mêle, la pédagogie (pour apprendre par exemple aux plus jeunes à moins consommer d’énergie et à les sensibiliser à la sauvegarde de l’environnement) ; le démantèlement des centrales nucléaires jugé trop long par ce participant dans la salle mais “une filière est en cours de création dans la région pour la déconstruction, qui créera des emplois et qui s’exportera en Europe”, lui répond le responsable d’EDF ; le problème des déchets radioactifs ; la pile à combustible (à hydrogène) mais dont les rendements sont encore assez faibles ; la consommation du numérique (“Il faut deux centrales nucléaires pour faire fonctionner l’ensemble des équipements numériques”)… Quid aussi du kérosène ? “L’aviation est totalement exclue de la Cop 21, les rejets des avions ne sont pas comptées dans les émissions à effet de serre et le kérosène n’est pas taxé, c’est une anomalie complète”, s’insurge Marc Jedliczka qui va jusqu’à trouver “catastrophique” et “scandaleux” d’aller passer un week-end en Guadeloupe pour Noël à très bas prix en low-cost, “sans payer le coût de la pollution générée” ! “Dites que ce n’est pas bien pour les équilibres mais ne stigmatisez pas et vous gagnerez en crédibilité ! Nous ne progresserons pas comme ça !”, lui rétorque Jean-François Carenco.
Les différents intervenants restent confiants en l’avenir et affichent un optimisme franc pour la plupart d’entre eux, ou modéré pour le représentant de l’association Négawatt. Même “s’il suffit d’un pas pour tomber dans le gouffre”, estime, pour sa part, le maire de Saint-Symphorien-sur-Coise, Jérôme Banino, en guise d’introduction. Toute la difficulté, dans ce domaine, est de “concilier le social, l’économie et l’environnement”, résume le sénateur Chaize. Plus facile à dire qu’à faire, “c’est pour cela que le débat sur la transition énergétique est si complexe”, reconnaît-il. Complexe aussi parce que les enjeux sont immenses et concernent la planète toute entière. “Mon inquiétude est mondiale, commente le sénateur Chaize. On pourra faire tous les efforts sur notre territoire national, si cette prise de conscience n’est pas partagée par l’ensemble des pays, on n’y arrivera pas. Aujourd’hui, nous devons mettre toute notre énergie pour convaincre les pays tiers.”
Le débat a aussi porté sur la problématique du stockage de l’énergie, un domaine véritablement porteur d’espoir (la recherche et les technologies avancent), la voiture électrique, le mix énergétique, le photovoltaïque et le nucléaire. Jacques Longuet (EDF) fournira d’ailleurs quelques chiffres en préambule : 97 % de l’électricité produite en France est décarbonée, dévoilant au passage que la région Auvergne Rhône Alpes (22% de la production nationale) est à la fois la première région productrice d’énergies renouvelables (hydraulique) avec 44% de la production française, et la première productrice d’énergie nucléaire, “ce n’est pas incompatible”, assure-t-il, tout en soulignant l’engagement de l’entreprise publique d’accroître la part des énergies renouvelables (+ 30 gigawatts d’ici à 2035, l’équivalent de la moitié de la puissance actuelle du nucléaire en France, soit 25000 terrains de foot couverts de panneaux photovoltaïques.
“Le changement climatique est un sujet extrêmement vital pour l’humanité, c’est clairement la capacité de l’humanité à vivre sur Terre à des horizons de temps de quelques dizaines d’années maximum”, brosse Marc Jedliczka (Négawatt) qui fixe, lui, la barre à “100% d’énergies renouvelables d’ici 2050”, défendant le triptyque “sobriété – efficacité – développement durable”. “Les choses se mettent en route doucement, estime Bernard Chaverot. Mais il faut aussi que les élus sentent leurs concitoyens derrière eux”. Une façon de dire que la transition énergétique est l’affaire de tous et que chacun, à son niveau, doit accepter de “changer ses comportements” et contribuer, comme le clame M. Carenco — qui refuse en bloc tout replis sur soi et ce sentiment nostalgique qui fait dire à certains que c’était mieux avant — à “construire d’urgence un nouveau monde” (sic). Un monde où l’on ferait l’effort de moins consommer d’énergie (“Si mon réfrigérateur s’arrête un quart d’heure en pleine nuit, ce n’est pas bien grave”, dit-il) et avec des énergies différentes : “On passe d’un système où l’on comptait 100 lieux de production d’énergie à 400 000 lieux aujourd’hui (avec notamment les panneaux photovoltaïques sur les toits) et demain, quelques millions, analyse Jean-François Carenco. C’est un défi formidable !”
Prochaines étapes pour le CDC, une réunion à l’Assemblée nationale pour mieux comprendre le fonctionnement de cette institution républicaine puis un prochain débat public à organiser le 29 novembre à Saint-Laurent-de-Chamousset sur le thème de la santé en milieu rural. Nul doute que la stratégie d’association des citoyens portée par Thomas Gassilloud porte ses fruits !