Ce vendredi 22 février, à Chambost-Longessaigne, le conseil de circonscription autour de Thomas Gassilloud, organisait là sa 7e réunion publique, dans le cadre du Grand Débat national, en présence du maire, Marie-Luce Arnoux. Interpellé par plusieurs “gilets jaunes” au sujet des “violences policières” lors des récentes manifestations, le député exprimait sa “confiance en la justice et aux forces de l’ordre” tout en reconnaissant que “Personne n’est infaillible mais qu’en cas de doutes, une enquête administrative est systématiquement menée par l’IGPN ”. Dans la foulée, un autre participant estime que la récente loi anti-casseurs est anticonstitutionnelle et craint son “côté liberticide” : “Elle pourrait être utilisée de manière malsaine dans les années à venir par un autre pouvoir”.
L’ambiance durant les deux heures précédentes a été plus apaisée. La thématique des taxes a d’emblée lancé la soirée. Parmi les propositions, “une vigilance accrue en matière de fraude fiscale” ; une baisse de la TVA ; des charges moins élevées pour les petites entreprises ; et “des impôts plus justes” avec “plus de tranches fiscales”. Un intervenant appelle, lui, à une plus grande taxation des plus riches “qui ne contribuent pas assez” à l’effort national. Quant à l’ISF, “je ne comprends pas qu’on ait redonné de l’argent à des gens qui n’avaient rien demandé”, s’étonne quelqu’un. “Il faudrait aussi que tout le monde paie l’impôt sur le revenu, en fonction de ses moyens”, estime un participant.
Dans la salle, une personne appelle au “partage des richesses et à plus de justice sociale”, estimant que “depuis 1983, les salaires sont bloqués : on a fait le choix de privilégier la rente au détriment du travail qui ne fait plus vivre”. Un autre prône “un salaire maximum”. “Le problème, aujourd’hui, c’est que le Smic est trop bas, poursuit un participant. Il faut l’augmenter et faire en sorte qu’un salarié ne soit pas payé au Smic toute sa vie”. De manière générale, une augmentation globale des salaires est plébiscitée (“les prix des produits n’arrêtent pas d’augmenter !”, déplore une jeune femme). Tout comme une égalité salariale entre les hommes et les femmes. La décision de défiscaliser les heures supplémentaires fait débat : “Elle profite aux grandes entreprises et à l’administration. La revendication des “gilets jaunes” n’est pas de travailler plus pour gagner plus, mais de vivre mieux”. L’exonération de charges sur les bas salaires est, elle aussi, pointée du doigt : “C’est un encouragement à garder les salaires très bas !”, juge-t-on. Une valorisation du point d’indice est également préconisée. Tout comme celle des retraites : “Aujourd’hui, pour avoir une retraite décente, il faut gagner 3000€ par mois !”, déplore un citoyen.
Question démocratie, un bénévole appelle, lui, à davantage de démocratie participative, avec la mise en place de citoyens tirés au sort qui donneraient leur aval au moment de voter les lois, “comme on le fait dans notre association”. “Il faut exploiter l’expertise des citoyens”, plaide-t-il. Un autre estime qu’il faudrait revoir le fonctionnement de l’Assemblée nationale.
Justement, le projet de loi sur l’école de la confiance inquiète cet habitant qui craint des suppressions de poste et la fermeture des petites écoles de village, en faveur d’une structure intercommunale. “Ce projet n’est pas de supprimer des écoles rurales, répond Thomas Gassilloud. “On veille vraiment au maintien des classes, rassure-t-il. Si certaines doivent fermer, ce ne sera que sur des critères fondés, analysés et discutés avec les élus.”.
“On est tous dans le même bateau, dans la même galère”, s’inquiète une dame pour qui il est “urgent de se mobiliser face au changement climatique… avec 30 ans de retard. Aujourd’hui, on se réveille. Il faut qu’on change nos habitudes !”, se disant “surprise” par la mobilisation des citoyens autour de la limitation à 80 km/h : “On est heurtés dans nos habitudes, mais il faudra les modifier”. Y compris nos habitudes alimentaires, complètera un participant, un peu plus tard : “En tant que consommateur, nous avons le pouvoir !”. Une autre citoyenne s’interroge pourtant : “Si on passe tous à la voiture électrique, on ne pourra pas fournir en électricité. Et que va-t-on faire du parc automobile en France ? Les vieux véhicules repris par les concessionnaires partent en Afrique : les Africains n’ont-ils pas droit à un air pur ? Et que l’on ne nous fasse pas le coup de Tchernobyl en nous disant que la pollution ne va pas aller jusqu’à chez nous !” Environnement toujours, le glyphosate refait parler de lui. “Son interdiction a été repoussée pour dans trois ans, souffle une intervenante, alors qu’on sait qu’il est dangereux pour la santé. Il existe un autre herbicide à base de plantes qui fonctionne mais qui n’est toujours pas autorisé.” “Ce n’est pas parce qu’il est à base de plantes qu’il n’est pas toxique”, lui répond quelqu’un dans la salle.
“Si Macron veut vraiment changer le monde, il faut qu’il remette à plat notre Constitution car elle ne correspond plus à son âge, ni à notre société d’ailleurs”, lâche-t-il, sur un trait d’humour, proposant de conserver les grands principes de la déclaration des droits de l’homme et d’y inscrire “le principe de la règle verte, le droit aux femmes de l’avortement, le mariage pour tous et le référendum d’initiative populaire”. Avant de poursuivre : “Il faut que les gens se cultivent politiquement et respectent les textes qui sont votés.”
Parmi les autres propositions, citons pêle-mêle la réquisition des logements vacants pour les sans-abris ; la taxation des robots dans les chaînes de production au même titre que les salariés qui sont, eux, “de moins en moins nombreux” ; la sortie du nucléaire (“mais quelle énergie pour le remplacer ?”). Une dame déplore enfin la maltraitance animale. Des sujets locaux se sont aussi invités au débat, comme la pollution lumineuse induite par les réverbères dans le village, “nuisible pour les insectes nocturnes et la biodiversité”. Ou encore les défaillances du réseau de transports en commun sur la Brévenne et l’inefficacité du covoiturage. Quid du projet de “tram train”, s’interroge une personne. “Eurodisney a bien son arrêt de train et Carrefour sa sortie d’autoroute !”, lance-t-elle.
Le débat se conclura sur une note d’espoir. Celle d’un jeune homme qui appelle à construire, ensemble, la société “dont nous rêvons tous”. “Il faut prendre un peu de recul par rapport à tout ce qui se passe aujourd’hui. Je crois qu’il est nécessaire de se poser les vraies questions et de réfléchir collectivement à ce que nous souhaitons, conseille-t-il sous les applaudissements. De là découleront des mesures concrètes qui amélioreront notre quotidien”. C’est tout l’enjeu de ce Grand Débat national.